Finance

Covid-19 : Pourquoi les états s'endettent-ils et quel est le rôle des banques centrales ?

Plus de 6 mois après le début de la crise sanitaire, les banques centrales et les États restent extrêmement mobilisés pour assurer la relance économique. Les aides sont complémentaires : les banques centrales financent les États qui eux-mêmes financent la reprise.

États : une relance budgétaire pour soutenir les entreprises et les emplois.

Les 300 milliards d’euros d’aides aux entreprises débloqués par le gouvernement français en mars n’auront pas suffi. Début septembre, un plan de relance supplémentaire de 100 milliards d’euros a été annoncé. Même chose aux États-Unis, où le plan de relance initial de l’État fédéral (2.000 milliards de dollars) devrait donner lieu à un second plan de relance pour un montant supérieur à 1.000 milliards d’euros. Ces mesures coûtent très cher aux États, qui voient leur endettement exploser pour soutenir leur économie : à titre d’exemple, la dette de la France devrait atteindre 120% du PIB en fin d’année, contre 100% en fin d’année dernière. Pourtant, ces aides sont nécessaires pour éviter des pertes plus lourdes encore si les États n’intervenaient pas.

En France, le plan initial de 300 milliards d’euros recouvrait notamment les "prêts garantis par l’État" (PGE) dont ont bénéficié de nombreuses entreprises pour éviter un manque immédiat de trésorerie. A ces mesures se sont notamment ajoutées celles du chômage partiel. Les 100 milliards de relance supplémentaires annoncés en septembre visent quant à eux à soutenir plusieurs secteurs d’activité, notamment via des aides à la transition écologique. Outre le soutien immédiat apporté par ces dépenses, le but affiché est clair : permettre à l’économie française de retrouver, d’ici la fin d’année 2022, son niveau d’activité de la fin d’année 2019.

En s’endettant lourdement à court terme pour assurer une reprise rapide, les États font en effet un double calcul. Non seulement les sommes dépensées permettent de sauver des entreprises et des emplois à court terme, mais la rapidité de la reprise doit permettre, à long terme, d’éviter des pertes plus lourdes encore, liées à des faillites en chaîne, à un chômage de masse persistant, et donc à des rentrées fiscales durablement plus faibles. Notons également que certaines aides ne sont pas de véritables "dépenses" : les prêts garantis par l’État ont par exemple vocation à être remboursés par les entreprises d’ici 5 ans. A long terme, cette mesure devrait donc être peu coûteuse pour l’État même si elle aura fait augmenter la dette publique à court terme.

Banques centrales : une relance monétaire pour soutenir les États.

Seulement voilà : lorsqu’un État se retrouve soudainement plus endetté, les prêteurs deviennent généralement plus frileux pour continuer à lui prêter. En effet, dans ce cas, le risque que l’État ne puisse plus rembourser ses dettes augmente. Ces craintes peuvent devenir auto-réalisatrices : si les prêteurs se retirent et que l’État ne parvient plus à se financer, alors un défaut de paiement peut effectivement survenir et la relance économique peut alors tomber à plat. Ce problème a été vécu en Europe en 2012 lors de la "crise grecque".

C’est pour éviter que ce scénario se produise qu’entrent en jeu les banques centrales. Celles-ci ont la possibilité de racheter des emprunts d’États sur les marchés financiers. Depuis 2015, ces rachats sont menés de manière régulière par la Banque centrale européenne (BCE) dans le cadre de son plan de "quantitative easing". Ces rachats ont été considérablement augmentés depuis le début de la crise sanitaire, de manière à "absorber" les centaines de milliards d’euros de nouvelles dettes d’États engendrées par les plans de relance et la récession. De cette manière, la BCE s’assure que les États puissent continuer à se financer malgré une forte hausse de leur endettement, à des taux par ailleurs historiquement bas, évitant ainsi de générer des intérêts eux-mêmes coûteux.

Sur l’ensemble de l’année 2020, ce sont ainsi plus de 1.000 milliards d’euros de rachats de dettes d’États européens qui auront été effectués par la BCE. Ces opérations se poursuivront au moins jusqu’en juin 2021, pour un montant global d’environ 100 milliards d’euros par mois. Au-delà de cette date, le plan de soutien de la BCE pourra éventuellement être prolongé en fonction de l’évolution de la situation.

Ailleurs dans le monde, des programmes semblables ont été décidés par les principales banques centrales pour absorber la hausse de l’endettement public lié à la crise sanitaire. Au niveau mondial, la banque centrale américaine est la plus active de toutes. La "Fed" rachète ainsi à la fois des dettes d’État, des dettes de collectivités et des dettes privées, tout en injectant des liquidités à court terme sur les marchés financiers pour des montants chiffrés en milliers de milliards de dollars depuis le début de la crise.

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