Finance
Pourquoi et comment la crise du Covid-19 impacte l'économie ?
Vous l'entendez partout. La pandémie du Covid-19 aura suffi en quelques semaines à provoquer un choc sans précédent sur l’économie mondiale. Quelles sont les prévisions et pourquoi varient-elles sans cesse ? Pourquoi l'économie a-t-elle été si durement touchée ? Décryptons ensemble la situation.
Le PIB, l'indicateur qui inquiète.
Avant de parler des prévisions, essayons de comprendre ce qu'est le PIB. Le Produit Intérieur Brut, reflète l'activité économique interne d'un pays. Il permet de quantifier la valeur totale de la richesse créée par les agents économiques d'un pays en mesurant la valeur de tous les biens et services produits par un pays sur une période donnée, généralement un an. Une augmentation du PIB est signe de croissance économique. A l'inverse, une diminution du PIB reflète une décroissance.
Il n’a jamais été aussi difficile pour les économistes de faire des prévisions pour les prochains mois et a fortiori pour les prochaines années. En septembre, les services de la Banque de France ont ainsi annoncé que le produit intérieur brut (PIB) du pays devrait reculer de 8,7% en 2020 et remonter de 7,4% en 2021. En termes clairs, la Banque de France estime donc que la richesse créée dans l’Hexagone cette année sera inférieure de 8,7% à ce qui a été produit (en valeur) au cours de l’année précédente.
Tous les organismes échafaudent leurs propres prévisions, qu’ils soient nationaux comme la Banque de France ou l’INSEE, ou internationaux comme la Commission européenne, le Fonds Monétaire International (FMI) ou l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). Ainsi, l’OCDE prévoit de son côté une chute du PIB de 9,5% cette année pour notre pays et une reprise limitée à 5,8% en 2021.
Les gouvernements, aussi, font leurs prévisions de croissance qui les aident à bâtir leur budget pour l’année suivante. Bercy table sur une baisse de 10% du PIB en 2020 et une reprise plus vigoureuse de 8% en 2021. L’objectif du gouvernement serait ainsi d’effacer l’impact économique de la crise en... 2022.
Au niveau mondial, la correction est également sans précédent. Alors que le FMI prévoyait, début janvier, une croissance de 3,3% pour l’année 2020, l’institution basée à Washington anticipait, au début de l’été, une récession globale de -4,9%, soit le plus fort recul jamais enregistré depuis la Grande dépression des années 1930. La zone euro devrait voir son PIB chuter de 10,2% cette année avant de se reprendre de 6,0% en 2021. Aux Etats-Unis, le recul sera moins marqué cette année (-8,0%) mais la reprise plus faible l’an prochain (+4,5%). Et la Chine ? Le pays duquel est partie la pandémie en janvier devrait quand même enregistrer, selon le FMI, une progression de 1,0% de son PIB cette année. Un chiffre surprenant mais qui est néanmoins très en retrait par rapport aux taux de croissance enregistrés depuis quarante ans dans l’Empire du Milieu (en 2019, le PIB avait augmenté de 6,1%, ce qui était déjà considéré comme une contre-performance).
Comment un virus peut-il affecter à ce point l'activité économique ?
Ces prévisions de croissance varient selon les institutions et sont régulièrement mises à jour selon une multitude de paramètres et l’évolution prévisible de la pandémie. Plus que la pandémie en tant que telle, c’est le confinement généralisé des populations dans la plupart des pays développés, au printemps 2020, qui a provoqué cet effondrement de la croissance auquel la France n’a pas échappé. En réduisant à néant les flux touristiques, en obligeant les ménages à rester chez eux et à se déplacer uniquement pour acheter des produits de première nécessité, en contraignant les usines, ateliers, restaurants ou salles de spectacle à fermer leurs portes provisoirement, les gouvernements ont « arrêté » des pans entiers de l’activité économique. Or, la croissance dépend autant de l’investissement des entreprises que de la consommation des ménages.
Après le déconfinement (le 11 mai en France), une vague d’optimisme s’était emparée des observateurs mais le virus est toujours là et les habitudes de consommation ne sont pas revenues à la normale, loin de là. L’arrivée d’une deuxième vague à l’automne pourrait à nouveau plonger les économies dans la tourmente si bien qu’il est difficile d’anticiper sur le niveau réel de l’activité au cours des prochains mois et en 2021.
Cette chute de la croissance mondiale signifie simplement que le monde aura produit en 2020 moins de richesse que l’année écoulée avec les conséquences en cascade que cela entraîne sur le niveau de vie des ménages : recrudescence des faillites d’entreprises, plans sociaux, augmentation du chômage et de la pauvreté. La croissance est essentielle pour donner de la visibilité aux entreprises et les inciter à investir, donc à créer des emplois. C’est pour cela qu’en période de récession, les Etats mettent en place des plans de relance afin d‘éviter un effondrement général des économies aux conséquences incalculables.
A ce titre, l’Etat joue un rôle d’agent économique particulièrement utile quand la machine économique se grippe. En France, le plan de relance proposé à la rentrée par le gouvernement atteint 100 milliards d’euros. A Bruxelles, les dirigeants européens ont mis sur pied un plan de relance exceptionnel de 750 milliards d’euros. Le caractère inédit de la crise du Covid-19 entraîne des mesures elles-mêmes inédites pour stimuler l’économie. En revanche, ces mesures ont un coût. Elles vont alourdir durablement, et pour de longues années, l’endettement de la France et de tous les pays européens.